Il est 14h30 et le Bureau des Destins va ouvrir ses portes. Je ne pouvais manquer ce que je pressentais comme l’OVNI invité aux Francos. Frédéric Zeitoun que l’on connaît surtout comme chroniqueur musical signe « L’Histoire enchantée du petit juif à roulettes ». Dans ce spectateur doux-amer ponctué par des images de l’INA, celui qui se risque à la chanson inspirée de sa vie est assisté par deux musiciens-comédiens. Sur un ton caustique, il évoque des thèmes à l’image de la vie tels que la différence, les fins de mois difficiles, les premiers émois, la religion, son mentor… Avec « Ton premier Téléthon », le public est à même de juger le pouvoir d’autodérision de l’auteur-compositeur qui a pris le parti de choisir l’humour pour défense. Même si « c’était pas gagné », cet homme talentueux a trouvé la recette pour « aimer, vibrer, exister… sans regret ».
Bien que je ne sache plus trop où est le Nord, à une salle de là, je l’ai trouvée L / Raphaële Lannadère, déroutante et planante pour la dernière date de sa tournée. Elle m’a permis de découvrir une artiste disparue : Lhasa, déjà évoquée au cours de ce festival.
Sans transition, place à Rover, capable de s’illustrer aussi bien dans des ballades aériennes ou dans du rock mâle qui pique. On pourrait reprocher le manque de complicité au sein du groupe et avec le public, le côté trop aseptisé qui bride les vraies émotions…
Tout le contraire du suivant : j’ai nommé Dionysos. Alors que le public est encore vissé à son siège (mais plus pour très longtemps !), nous avons le privilège d’assister aux préparatifs de Mathias Malzieu, dans les coulisses qui ne sont autres que le hall de la Coursive. Un mégaphone à la main, il parcourt la salle en sautillant, de haut en bas. Pour ses 6e Francofolies, ce « vampire de l’amour » qui cite Verlaine (« Chanson d’été ») se plaint d’avoir réduit de 48 centimètres, « surtout si on raconte une histoire de géant ». On a plusieurs rêves d’enfants. L’artiste aux multiples facettes a réalisé celui de faire un solo d’horloge à coucou façon heavy métal avec ce geste mignon (une tête de lapin) et un regard méchant ou celui de se faire applaudir pour un solo de silence. Silencieux, le public ne l’est pas resté dès les premières notes de « Song for a Jedi » ni quand notre cascadeur Tom Hématome « Cloudman » dopé à l’énergie des fans s’est jeté dans la foule au ralenti pour une brasse aller-retour. Le pouvoir de la joie, c’est extraordinaire ! Pour « Neige » et la belle voix de Babeth, tout le monde retient son souffle, y compris les musiciens. « Le jour le plus froid du monde », ce n’était assurément pas aujourd’hui où la chaleur humaine libérée ne peut pas mieux témoigner du plaisir d’être ensemble. « Heroes » de Bowie en rappel et un bœuf à 1000 personne. Ce n’est pas un conte de fées mais ça peut y ressembler…
Pour conclure cette journée pleine de surprises en tout genre et à l’instar de Rover, force est de constater que la musique, ça soigne, dans « ce qui se fait de mieux en matière de festival ».
« Ici, ici, c’est La Rochelle ! »